Le Label bas-carbone (LBC) appliqué à l’agriculture

Agriculture
Publié le 25/01/2024Modifié le 22/04/2024
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La France a lancé en 2015 sa Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) avec comme objectif d’atteindre la neutralité carbone globale en 2050. Afin de réaliser cette ambition, le ministère chargé de l’écologie a travaillé conjointement avec de nombreux partenaires, scientifiques et professionnels pour donner naissance en 2019 au Label bas-carbone.

Qu’est-ce que le Label bas-carbone (LBC) ?

La France a lancé en 2015 sa Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) avec comme objectif d’atteindre la neutralité carbone globale en 2050. Pour ce faire, le pays doit notamment réduire de 75% ses émissions par rapport à 1990 et doubler l’efficacité de ses puits de carbone, ces réservoirs naturels ou artificiels permettant la séquestration de carbone tels que les forêts et les sols.

Afin de réaliser cette ambition, le ministère chargé de l’écologie a travaillé conjointement avec de nombreux partenaires, scientifiques et professionnels pour donner naissance en 2019 au Label bas-carbone. Le LBC est le premier cadre de certification climatique volontaire français. Il permet de certifier et de valoriser économiquement des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de séquestration du carbone dans plusieurs secteurs (forêt, agriculture, transport, bâtiment, déchets, etc.). Il garantit que ces projets évaluent correctement et de manière transparente, grâce à l’application de méthodes crédibles et vérifiées de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, à leur réduction effective et durable.

La démarche d’un agriculteur pour obtenir le Label bas-carbone

Un exploitant agricole qui fait le choix de conduire un projet de transition de son entreprise peut le réaliser dans le cadre du Label bas-carbone. Cela lui permet non seulement d’améliorer la résilience de son outil de travail, mais aussi de valoriser les émissions évitées et les tonnes de carbone séquestrées sous la forme d’une « prestation de service environnementale ». Le produit financier de cette prestation en faveur de la neutralité carbone globale permettra de couvrir une partie des coûts et des risques de la transition bas carbone.

Bon à savoir

Un projet ne peut être labellisé que s’il est mis en œuvre conformément à une méthode approuvée qui permet d’évaluer les réductions d’émissions qui vont en découler et qui détermine les conditions d’éligibilité et de vérification du projet. Ces méthodes doivent être approuvées par la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC). Le Label bas-carbone visant à susciter le développement de projets dans de nombreux secteurs, des méthodes propres à chaque secteur ont émergé et sont développées en permanence. A date, 15 méthodes sont approuvées dans les domaines de la forêt, de l’agriculture, du bâtiment, des transports et dans le domaine maritime.

Pour bénéficier du Label bas-carbone, les projets agricoles doivent se référer à l’une des méthodes approuvées par les Pouvoirs Publics. Dans la plupart des cas, le projet agricole mobilise plusieurs leviers (modification de l’alimentation animale, du travail du sol …) et dure 5 années, pendant lesquelles l’agriculteur est accompagné par un technicien agricole salarié d’une Chambre d’Agriculture ou d’une coopérative par exemple.

Les méthodes agricoles approuvées par le Ministère de la Transition écologique pour bénéficier du Label bas-carbone

On dénombre actuellement six méthodes agricoles approuvées :

  1. La méthode « Carbon’Agri » : Développée par l’Institut de l’élevage (IDELE), elle concerne les projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en élevage bovin et en grandes cultures. Plusieurs leviers portant sur la gestion du troupeau et des cultures seront déployés en fonction du diagnostic de chaque exploitation.
  2. La méthode « Grandes Cultures » : Développée par un consortium d’associations spécialisées et de leurs instituts techniques, elle est dédiée aux pratiques culturales permettant d’atténuer les effets du changement climatique, comme augmenter les légumineuses fixatrices d’azote dans la rotation des cultures ou réduire la consommation de combustibles fossiles.
  3. La méthode « Plantations de vergers » : Développée par la Compagnie des Amandes, elle concerne la plantation d’une culture fruitière pérenne sur une terre non cultivée actuellement pour cet usage. Ces projets de plantation d’un nouveau verger permettent de séquestrer du carbone dans la biomasse des arbres.
  4. La méthode « Haies » : Développée par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, la méthode Haies encourage la séquestration du carbone dans les haies bocagères gérées durablement. En effet les haies, maillon indispensable de la biodiversité, remplissent de nombreuses fonctions parmi lesquelles le stockage du carbone donc, mais aussi la continuité des écosystèmes. Pourtant, si la France comptait 2 millions de kilomètres de haies au début des années 1930, 70 % d’entre elles ont été arrachées [1] depuis afin de faire place à des champs plus rectilignes adaptés à la mécanisation. Sans compter que d’autres linéaires de haies ont disparu faute d’une gestion durable, ou sont en mauvais état.
  5. La méthode « Sobac’Eco TMM » : Développée par la SARL SOBAC, elle est dédiée aux projets agricoles de réduction d’intrants de synthèse organiques. En agriculture, on appelle « intrants » les différents produits apportés aux terres et aux cultures qui ne sont pas naturellement présents dans le sol, mais rajoutés pour améliorer le rendement. Les intrants de synthèse organiques contribuent à l’émission de protoxyde d’azote N2O, un gaz à effet de serre au fort pouvoir réchauffant.
  6. La méthode « Écométhane » : Développée par l’association Bleu Blanc Cœur, la méthode Écométhane est spécifique aux projets de réduction des émissions de méthane d’origine digestive par l’alimentation des bovins laitiers. Elle préconise l’ajout de composants riches en acide alpha-linolénique dans l’alimentation animale.
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Entre 1900 et aujourd’hui, les températures mondiales ont augmenté de 1,1° en moyenne [1]. En France, c’est encore pire : entre la période 1961-1990 et aujourd’hui, elles ont connu une hausse de 1,5°. En cause, l’utilisation par l’Homme des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) qui produisent des gaz à effet de serre (GES). Une fois libérés dans l’atmosphère, ces derniers agissent comme une couverture autour de la Terre et retiennent la chaleur du soleil. Conséquence : le climat ne cesse de se réchauffer, ce qui accentue considérablement le dérèglement climatique et ses conséquences : montée des eaux, risque accru de catastrophes naturelles et d’épidémies.

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Mis au point en 2004 par l’ADEME, le bilan carbone est le point de départ de toute stratégie pour éviter et réduire ses émissions de GES, et lutter ainsi contre le réchauffement climatique.