Comment atteindre la neutralité carbone en 2050 ?

Transition bas carbone
Publié le 30/01/2024Modifié le 20/05/2024
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Entre 1900 et aujourd’hui, les températures mondiales ont augmenté de 1,1° en moyenne [1]. En France, c’est encore pire : entre la période 1961-1990 et aujourd’hui, elles ont connu une hausse de 1,5°. En cause, l’utilisation par l’Homme des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) qui produisent des gaz à effet de serre (GES). Une fois libérés dans l’atmosphère, ces derniers agissent comme une couverture autour de la Terre et retiennent la chaleur du soleil. Conséquence : le climat ne cesse de se réchauffer, ce qui accentue considérablement le dérèglement climatique et ses conséquences : montée des eaux, risque accru de catastrophes naturelles et d’épidémies.

Pour tenter d’y remédier, la France, avec la loi Énergie et Climat adoptée en 2019, s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050, impliquant une division par six de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

La neutralité carbone, c’est quoi ?

Le concept de neutralité carbone peut se résumer en une équation :

Les émissions mondiales de GES causées par l’Homme moins la séquestration des GES dans des réservoirs naturels (végétation, sol, océan…) ou artificiels (via des technologies comme le captage direct du CO2 dans l’atmosphère) égal zéro.

Une équation simple donc… mais qui représente un défi très complexe, notamment parce que le chemin pour le relever reste encore flou pour la plupart d’entre nous.

Comment atteindre la neutralité carbone ?

Dans un récent rapport (Transition(s) 2050), l’ADEME (Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’Energie) propose quatre scénarios « cohérents et contrastés » pour conduire la France vers la neutralité carbone. Le premier, baptisé « pari réparateur », est essentiellement basé sur le captage et le stockage du CO2, la construction de nouveaux EPR (réacteur nucléaire pressurisé européen) et la montée en puissance de l’utilisation des véhicules électriques. Le deuxième, « technologies vertes », présente les nouvelles technologies comme la solution pour émettre moins de gaz à effet de serre. Le troisième, « coopérations territoriales », propose de profondément modifier notre alimentation (50 % de bio dans nos assiettes, 50 % de viande en moins). Dans le même temps, les territoires sont réindustrialisés pour les secteurs clés et les énergies renouvelables deviennent la norme. Enfin, le dernier scénario, appelé « génération frugale », voit la nature sanctuarisée, l’économie locale favorisée et le recyclage privilégié.

Finalement, et ce quel que soit le scénario, l’ADEME reconnaît qu’atteindre la neutralité carbone « repose sur des paris forts, aussi bien sur le plan humain que technologique ». Une certitude : « si la France continue comme aujourd’hui, en dépit des lois climat, la neutralité sera inatteignable » assure l’établissement public.

Bon à savoir

Après une chute historique en 2020 liée à la pandémie de Covid-19 et un fort rebond en 2021, les émissions mondiales de CO2 sont restées à des niveaux records en 2022. Selon l’Agence internationale de l’énergie, elles ont augmenté de 0,9 % pour atteindre 36,8 milliards de tonnes.

Les leviers à prioriser

Pour un acteur économique, la priorité consiste à mettre en place une stratégie de transition forte. Une démarche qui nécessitera avant tout la réalisation d’un bilan carbone afin d’évaluer son impact sur l’environnement. Forte de ces données, l’Organisation en question pourra ensuite construire un plan d’actions pour réduire les émissions de GES dont elle est directement ou indirectement à l’origine.

L’État pour sa part devra poursuivre la mise en œuvre de sa Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Introduite par la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte, elle est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique et fixe des objectifs à moyen et long terme :

  • Décarboner complètement l’énergie utilisée à l’horizon 2050 (à l’exception du transport aérien) ;
  • Réduire de moitié les consommations d’énergie dans tous les secteurs d’activité, en développant des équipements plus performants et en adoptant des modes de vie plus sobres et circulaires ;
  • Réduire au maximum les émissions non énergétiques, issues très majoritairement du secteur agricole et des procédés industriels ;
  • Augmenter et sécuriser les “puits de carbone”, c’est-à-dire les écosystèmes naturels, les procédés et les matériaux capables de capter une quantité significative de CO2. Il s’agit des sols (1), des forêts, des produits issus de la bioéconomie (paille, bois pour la construction…), de technologies industrielles de capture et stockage du carbone.

Enfin, les particuliers devront eux aussi continuer à réduire leur consommation énergétique, utiliser autant que possible des transports durables, limiter le gaspillage alimentaire, privilégier les circuits courts. Ils peuvent aussi agir en soutenant directement et en participant concrètement à des opérations de préservation du capital naturel.

(1) Augmenter la matière organique des sols agricoles chaque année de quatre grammes pour mille grammes de CO2 permettrait de compenser l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre produits par la Planète en un an. L’INRAE est à l’origine de cette démarche dénommée “4 pour 1000”.

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