Les deux grands types de marchés du carbone
Il existe deux grands types de marchés du carbone :
- Les marchés carbone réglementés, également appelés systèmes d’échange de quotas d’émission (ETS), sont des places financières sur lesquelles les entreprises les plus émettrices de GES négocient la cession/acquisition de « droits à polluer » qui leur ont été attribués par la Puissance publique. (se référer à l’article « Les différences entre les quotas carbone et les crédits carbone volontaires »)
- Le marché volontaire du carbone permet aux acteurs économiques d’acquérir et de revendre librement des crédits carbone issus en général de projets répondant aux critères de qualité d’un Standard privé.
Les opportunités du marché volontaire des crédits carbone
Le marché volontaire du carbone facilite le financement de projets luttant contre le réchauffement climatique, notamment dans les Pays en voie de Développement. Outre l’évitement ou la séquestration du carbone, ces projets génèrent également des bénéfices environnementaux tels que l’amélioration des sols et la qualité de l’eau, et des impacts sociaux positifs liés aux objectifs de développement durable des Nations unies.
Selon une étude de l’organisation Ecosystem Marketplace, le marché volontaire du carbone a quadruplé de valeur entre 2020 et 2021, une valeur estimée aujourd’hui à 2 milliards de dollars et qui pourrait atteindre les 10 milliards de dollars à l’horizon 2030.
Pour les entreprises, recourir à la “finance carbone” est un moyen de démontrer leur engagement dans la protection de l’environnement et en faveur du développement, de renforcer leur image de marque et de se démarquer de la concurrence. C’est un élément de leur “performance extra-financière”.
Les freins du marché volontaire des crédits carbone
Le marché volontaire du carbone est relativement récent, et donc confronté à de nombreux défis pour atteindre l’efficacité nécessaire.
D’une part, il manque de liquidité compte tenu de la nature différente des crédits internationaux en termes de qualité, de transparence des prix et de méthodes de certification, ce qui crée notamment des difficultés d’appréciation réelle de leur valeur. D’autre part, il est parfois difficile d’apprécier le « juste retour » des contributions vers les acteurs de terrain. Enfin, la traçabilité voire l’existence concrète des réductions d’émissions font parfois débat. Une enquête [1] menée par « The Guardian » début 2023 consacrée au principal certificateur mondial de crédits carbone volontaires a ainsi estimé que plus de 90 % de l’impact de ses crédits de compensation carbone pour les forêts tropicales était surévalué.
Pour tirer le maximum de bénéfice environnemental de ce dispositif, il est donc nécessaire que ce marché soit soumis à une véritable réglementation. En mars 2023, le Conseil d’intégrité du marché volontaire du carbone, une entité internationale indépendante, a publié une série de principes directeurs à l’attention des acteurs du marché volontaire des crédits carbone.
En parallèle, l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation), l’organisme de référence de normalisation au niveau international, développe actuellement la norme ISO 14068. Sa publication, prévue pour 2024 [3], proposera un cadre normatif permettant aux entreprises de mieux appréhender la manière dont elles peuvent revendiquer leurs actions et contributions en matière de neutralité carbone. Ce qui, in fine, permettra de mieux réguler le marché volontaire des crédits carbone.
Il n’existe pas de marché secondaire des Crédits Carbone volontaires Label Bas-carbone (LBC) régis par la législation française, dans la mesure où ils ne sont pas cessibles.<br>Ils se différencient des autres Crédits Carbone volontaires par le fait que le certificat de réduction d’émission délivré par l’Etat constitue la reconnaissance de l’exécution d’une prestation de service environnementale, et non la matérialisation d’un actif qui pourrait se valoriser en fonction de l’offre et de la demande. La valeur d’acquisition du Crédit Carbone LBC est ferme et définitive.