Quels sont les leviers de décarbonation possibles en agriculture ?

Agriculture
Publié le 25/01/2024Modifié le 22/04/2024
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L’agriculture est un secteur fondamental qui dispose de nombreux leviers pour atteindre les objectifs de décarbonation de la France.

L’agriculture, un secteur fondamental pour les efforts de décarbonation de la France

Derrière le mot décarbonation, on retrouve l’ensemble des mesures permettant à un secteur de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Les principaux gaz concernés en agriculture sont le méthane (CH4), le protoxyde d’Azote (N20), et le dioxyde de carbone (CO2).

L’agriculture française émet environ 81 millions de tonnes équivalent CO21 par an, soit 19 % du total des émissions à l’échelle nationale (le transport en émet 29 %, l’industrie 18 %, tout comme le secteur de l’immobilier résidentiel)2.

Si l’agriculture est l’un des rares secteurs avec la forêt à stocker du carbone grâce aux puits de carbone naturels que constituent les végétaux et les sols, elle doit tout de même participer à l’effort de décarbonation. La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) – feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique – vise une réduction des émissions agricoles de 46 % d’ici 2050.

Plusieurs leviers sont proposés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) pour atteindre ces objectifs, que l’on peut notamment retrouver parmi les méthodes approuvées par le Label bas-carbone (voir l’article dédié pour plus de détail).

Quelques leviers pour décarboner le secteur agricole

Parmi les principaux leviers proposés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) figure l’agroécologie

A ce titre, la SNBC recommande entre autres la diversification culturale et le développement des légumineuses. Elle promeut également le développement de l’agroforesterie, des haies, et la préservation des prairies permanentes. Elle recommande une meilleure couverture des sols, l’augmentation du taux de matière organique dans les sols, l’amélioration de l’alimentation animale par l’ajustement des rations et l’autonomie alimentaire de l’élevage, le développement des énergies renouvelables autoconsommées et de la performance énergétique des exploitations.

Plus globalement, les objectifs nationaux et autres dispositions règlementaires souhaitent voir 50 % des exploitations françaises engagées vers l’agroécologie d’ici à 2025.

L’élevage bovin (lait et viande) est également au centre des priorités

En France, l’élevage concentre 59 %3 des émissions du secteur agricole, principalement sous forme de méthane émis par les ruminants, alors que les cultures représentent 27 % des émissions du secteur, principalement sous forme de d’azote. 

Selon l’Institut de l’Élevage (IDELE), il existe une quarantaine de leviers4 favorisant une réduction des émissions de GES et/ou un accroissement de la séquestration dans l’élevage bovin, notamment :

  • En modifiant l’alimentation des animaux et la conduite du troupeau
  • En méthanisant les déjections des animaux
  • En réduisant l’utilisation d’engrais minéraux et en diversifiant les cultures
  • En couvrant les sols toute l’année, en implantant davantage de haies et d’arbres

Enfin, l’agriculture de précision (« l’agritech ») pour produire plus et mieux avec moins est un levier novateur

En France, les agriculteurs sont la catégorie socioprofessionnelle la plus connectée5 : ils guettent la météo en ligne, gèrent leur cheptel via la télésurveillance, communiquent avec leurs clients sur les réseaux sociaux et, dès qu’ils en ont le temps, s’informent en direct des cours internationaux des matières premières.

Ces dernières années, leur appétence pour les nouvelles technologies s’est accrue avec l’émergence d’une offre de plus en plus large émanant de l’agritech, la contraction des mots « agriculture » et « technologie ». Son objectif : mettre les progrès du numérique et de la robotique au service d’une agriculture durable et rentable. Concrètement, cela va du développement de capteurs et d’objets connectés pour améliorer la production jusqu’à l’utilisation de drones et/ou de robots capables d’évaluer les besoins d’arrosage ou de fertilisation d’une parcelle en particulier. Il est également possible de cartographier avec une très haute précision des terrains et de proposer, en fonction des niveaux de fertilité et d’exposition au sein d’une même parcelle, des traitements différents.

L’agriculture de précision se voit ainsi comme une solution au service de la productivité, mais aussi de l’optimisation et de la frugalité, ce qui participe à la transition bas-carbone.

L’ensemble des acteurs économiques peuvent participer à la décarbonation du secteur, notamment les organisations (entreprises, collectivités publiques et associations) qui, par l’achat de crédits carbones volontaires liés au secteur agricole peuvent financer la mise en œuvre de certains de ces leviers dans le cadre du Label bas-carbone.

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