Le passage de la compensation à la contribution carbone

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Publié le 25/01/2024Modifié le 20/05/2024
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Le terme de compensation carbone a longtemps été défini comme l’action de financer des projets de réduction ou de séquestration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par un agent économique. C’est une démarche volontaire d’un agent économique, censé s’intégrer dans une stratégie de décarbonation globale de ce dernier après avoir mesuré ses émissions de gaz à effet de serre et établi un plan de réduction de celles-ci. Dernièrement, des discussions sémantiques sont apparues pour éviter toute confusion et clarifier l’objectif de ce mécanisme.

La compensation carbone, un terme parfois trompeur et souvent critiqué

En premier lieu, le terme de compensation carbone a souvent été dissocié, à tort, de la démarche globale de décarbonation d’un agent économique qui nécessite avant toute chose la mesure et la réduction de ses propres émissions de gaz à effet de serre. Cette dissociation a nourri les critiques de greenwashing vis-à-vis de certains agents économiques qui se servaient de la compensation carbone pour « éliminer artificiellement » l’effet de leurs excès d’émissions par le simple financement de projets de réduction carbone, sans s’attaquer à la réduction de leurs propres émissions.

Dans un second temps, le mécanisme de compensation carbone a souffert de son utilisation dévoyée par des agents économiques qui se revendiquaient entreprises net zéro en finançant des projets de réduction carbone à hauteur de la totalité de leurs émissions annuelles. Or, scientifiquement parlant, un agent économique ne peut être net zéro que si son activité économique s’arrête intégralement, ou s’il a les moyens de séquestrer du carbone dans le cadre de son activité économique. Comptablement parlant, la compensation carbone effectuée par un agent économique ne peut être intégrée à son propre bilan carbone.

Enfin, le terme compensation carbone peut laisser penser que l’évitement immédiat d’émissions de carbone a la même valeur que la séquestration future de carbone grâce au financement de projets de décarbonation. Or, cela n’est pas le cas : il existe un risque moindre à ne pas émettre en raison des aléas climatiques associés à certains projets de décarbonation tels que les feux de forêt ou les tempêtes par exemple.

La contribution carbone au service de la neutralité carbone globale

Avec ce constat, plusieurs organisations ont souhaité faire évoluer la sémantique associée à ce mécanisme pour rapprocher cette notion de la réalité scientifique, intégrée au sein d’une démarche globale de la société. Cette volonté a donné naissance au concept de contribution carbone qui remplace progressivement celui de compensation carbone.

Une prise de conscience est en cours des agents économiques sur leur rôle moteur pour contribuer à la neutralité carbone globale, à l’échelle d’un pays par exemple, l’atteinte d’une neutralité individuelle étant impossible au regard d’une activité économique. Le financement d’un projet bas-carbone ne permettra donc pas à un agent économique de compenser ses propres émissions au sein de son propre bilan carbone mais de contribuer à la neutralité globale à hauteur de ses émissions résiduelles par exemple et de le notifier en marge de son bilan carbone.

Ce changement de paradigme d’une compensation « autocentrée » vers une contribution à l’échelle globale est non seulement plus juste scientifiquement et plus collectif, il est également plus précis. La contribution carbone permet de séparer les émissions d’un agent économique des contributions positives qu’elle entreprend par ailleurs. Ainsi, le mécanisme de contribution carbone est repositionné au sein d’une stratégie globale de décarbonation régie par le triptyque « Mesurer, Réduire, Contribuer » (voir l’article dédié pour plus de détails) qui doit nous rappeler que la neutralité carbone globale passera en premier lieu par l’évitement et la réduction des émissions de gaz à effet de serre de chacun.

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