Le Label Bas Carbone et le secteur forestier : un engagement pour la séquestration durable du carbone

Contribution volontaire
Publié le 17/10/2024Modifié le 17/10/2024
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Le secteur forestier joue un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en raison de sa capacité naturelle à séquestrer le carbone. En France, le label Bas Carbone, mis en place en 2019, offre un cadre pour valoriser et certifier les initiatives forestières qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet […]

Le secteur forestier joue un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en raison de sa capacité naturelle à séquestrer le carbone.

En France, le label Bas Carbone, mis en place en 2019, offre un cadre pour valoriser et certifier les initiatives forestières qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce label encourage les gestionnaires forestiers, propriétaires de terrains, et collectivités locales à mettre en œuvre des pratiques durables qui maximisent la séquestration de carbone tout en soutenant la biodiversité et les services écosystémiques.

Importance de la forêt dans la séquestration du carbone

Les forêts sont des puits de carbone naturels. Elles capturent le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère via la photosynthèse et stockent le carbone dans les arbres, les sols et la biomasse. En France, les forêts couvrent environ un tiers du territoire, ce qui leur confère un potentiel considérable pour atténuer le changement climatique.

Cependant, la gestion des forêts doit être soigneusement planifiée pour maintenir et accroître leur capacité de séquestration de carbone, tout en assurant leur résilience face aux perturbations climatiques et anthropiques.

Méthodes de séquestration dans le secteur forestier

Dans le cadre du label Bas Carbone, deux méthodes principales ont été développées pour le secteur forestier : le boisement et la reconstitution de peuplements dégradés (également dénommée reboisement). Ces méthodes sont conçues pour augmenter la capacité de la forêt française à capter et stocker le carbone, tout en favorisant la durabilité écologique et économique.

Afin de bénéficier de la certification du label Bas Carbone, les projets doivent suivre ces méthodes qui comportent des critères d’éligibilité auxquels les porteurs de projets doivent se conformer. Les projets ont une durée de 30 ans, pendant laquelle le porteur de projet doit avoir la maîtrise foncière du terrain et doit maintenir l’état boisé de son terrain.

1. Le Boisement : créer de nouvelles forêts pour capter le carbone

Le boisement consiste à planter des forêts sur des terrains qui n’étaient pas boisés depuis au moins 10 ans, comme des terres agricoles abandonnées, des friches ou des prairies. Cette méthode permet de créer de nouveaux puits de carbone, augmentant ainsi la capacité globale de séquestration en France.

  • Séquestration de Carbone : Les jeunes forêts, en pleine croissance, capturent efficacement le CO2 de l’atmosphère, le stockant dans leur biomasse (troncs, branches, feuilles) et dans le sol. Ce processus de séquestration est particulièrement intense durant les premières décennies suivant la plantation.
  • Bénéfices Écologiques : Outre la séquestration de carbone, le boisement améliore la biodiversité en créant de nouveaux habitats pour la faune et la flore. Il contribue également à la régénération des sols, à la protection contre l’érosion et à la régulation des régimes hydrologiques locaux.
  • Gestion Durable : Pour qu’un projet de boisement soit labellisé Bas Carbone, il doit respecter des critères de durabilité, notamment le choix d’espèces adaptées aux conditions locales et la gestion à long terme des forêts pour maximiser les bénéfices écologiques et économiques.

2. La Reconstitution de Peuplements Dégradés : restaurer la santé des forêts

La reconstitution de peuplements dégradés s’adresse aux terres forestières ayant subi des dégâts lourds il y a moins de 5 ans (tempêtes, incendies, dépérissements massifs, mortalité importante, attaques sanitaires…). Cette méthode vise à restaurer ces forêts pour qu’elles retrouvent leur rôle de puits de carbone.

  • Restaurer la Séquestration : La reconstitution vise à restaurer la capacité de ces forêts à capturer et stocker le carbone. Cela peut impliquer la plantation de nouvelles espèces, la gestion des populations d’arbres existants pour encourager leur régénération naturelle, et l’amélioration des sols.
  • Résilience Écologique : En restaurant les forêts dégradées, on améliore leur résilience face aux futures perturbations climatiques. Une forêt en bonne santé est plus à même de résister aux aléas climatiques, aux parasites, et aux maladies, tout en continuant à séquestrer du carbone.
  • Co-bénéfices Environnementaux : Outre la séquestration du carbone, la reconstitution de forêts dégradées renforce la biodiversité, améliore la qualité de l’eau, et contribue à la stabilisation des sols.

Les co-bénéfices des projets

Les projets de boisement et de reconstitution de peuplements dégradés comportent des externalités positives qui sont catégorisées et recensées selon 4 catégories :

  • Co-bénéfices Socio-économiques : qui permet de mesurer notamment la création de plus-value économique territoriale, l’intégration professionnelle des personnes impliquées dans la réalisation du projet et l’adhésion à une certification de gestion forestière durable.
  • Co-bénéfices Préservation des sols : qui permet de mesurer notamment l’intrusivité de la préparation du sol.
  • Co-bénéfices Biodiversité : qui permet de mesurer notamment la diversité des essences plantées, leur autochtonie et la préservation de la biodiversité préexistante.
  • Co-bénéfices Eau : qui permet de mesurer notamment la prise en compte des milieux aquatiques ou humides dans l’itinéraire technique suivi pour la plantation, si le projet est concerné / le cas échéant.

Les Réductions d’Emissions

Les projets labellisés génèrent des Réductions d’Emissions qui sont les unités qu’un porteur de projet peut monétiser en les vendant. Chaque unité de Réduction d’Emission correspond à 1 tonne de CO2 équivalent. Ces unités et leur génération sont encadrées pour garantir une intégrité maximale, dans le cadre des méthodes forestières il existe quelques spécificités :

  • Le caractère ex-ante : les Réductions d’Emissions ex-ante du label Bas Carbone sont attribuées au début du projet sur la base d’estimations futures de la séquestration de carbone, avant que celle-ci ne soit entièrement réalisée. Cette approche facilite la mise en œuvre rapide des initiatives tout en sécurisant les investissements. Le nombre de Réductions d’Emissions est calculé selon la méthodologie adéquate qui donne accès aux équations et aux courbes de séquestration relatives à chaque essence.
  • Les rabais pour le calcul des unités : les rabais servent à ajuster le calcul du volume de RE pour un projet donné, afin de refléter les incertitudes sur le volume effectif de carbone stocké par le projet, la plantation pouvant être affectée par des aléas. Ces rabais sont matérialisés par des pourcentages forfaitaires déduits de l’estimation initiale des tonnes de carbone séquestrées, afin de garantir que le volume de crédits attribué est au minimum égal au volume effectif. Ils prennent en compte des facteurs comme les risques climatiques, écologiques, ou de gestion, assurant ainsi une crédibilité accrue des crédits émis.
  • L’audit de vérification : il est effectué 5 ans après le début du projet et permet d’évaluer la conformité des actions entreprises avec les objectifs initiaux et permet d’ajuster, si nécessaire, les Réductions d’Emissions attribuées. Il permet de vérifier la bonne mise en œuvre des pratiques de gestion et la performance en termes de séquestration de carbone, garantissant ainsi la crédibilité et la transparence des estimations réalisées au début du projet.
  • Le calcul du volume de RE inclut 3 composantes : forêt, produits et substitution :
    • Forêt : Séquestration directe de carbone dans les arbres et les sols forestiers.
    • Produits : Le bois issu des éclaircies réalisées dans le cadre du plan de gestion de la forêt utilisé dans les produits (comme la construction) stocke du carbone sur le long terme.
    • Substitution : Remplacement des matériaux à forte empreinte carbone (comme le béton ou l’acier) par du bois issu des éclaircies réalisées dans le cadre du plan de gestion de la forêt, réduisant ainsi les émissions liées à la production de ces matériaux.

Les avantages du Label Bas Carbone pour les projets forestiers

L’obtention du label Bas Carbone pour des projets de boisement ou de reconstitution de peuplements dégradés apporte plusieurs avantages :

  • Valorisation Économique : Les Réductions d’Emissions peuvent être vendues sur le marché du carbone, offrant ainsi une source de financement et de revenus pour les porteurs de projets. Les projets de boisement et de reboisement étant onéreux, la commercialisation des Réductions d’Emissions offre une source de financement viable pour la mise en place des projets.
  • Reconnaissance : Le label apporte une reconnaissance officielle des efforts en matière de gestion durable des forêts et de contribution à la lutte contre le changement climatique.
  • Impact Positif : En certifiant des pratiques durables, le label Bas Carbone contribue à promouvoir une gestion forestière responsable qui bénéficie à la fois au climat, à la biodiversité et aux communautés locales.

Le label Bas Carbone dans le secteur forestier représente une opportunité unique pour maximiser la séquestration du carbone tout en soutenant la durabilité des écosystèmes forestiers. Les méthodes de boisement et de reconstitution de peuplements dégradés offrent des solutions concrètes pour restaurer et étendre les forêts françaises, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. En encourageant une gestion forestière durable, le label Bas Carbone contribue à un avenir plus vert, où les forêts continuent de jouer leur rôle crucial en tant que puits de carbone naturels.

Source :
Par Alexandre Lépée, Business Analyst chez Hummingbirds
https://hummingbirds.eu/

Crédit photo : hummingbirds

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